Afrique face aux changements climatiques (L') - Les Cahiers d'Outre-Mer 260
Afrique face aux changements climatiques (L') - Les Cahiers d'Outre-Mer 260

Revues - Les Cahiers d\'Outre-Mer

Afrique face aux changements climatiques (L') - Les Cahiers d'Outre-Mer 260

COLLECTIF

ISBN : 978-2-86781-792-2
Nombre de pages : 124
Format : 16 x 24
Date de sortie : 2013/05

Les cinq études sont extraites du séminaire organisé à Poitiers par le laboratoire RURALITES les 19 et 20 mai 2011 sur le thème « Les effets du changement climatique en Afrique »

Les cinq études sont extraites du séminaire organisé à Poitiers par le laboratoire RURALITES (EA 2252, Université de Poitiers) les 19 et 20 mai 2011 sur le thème « Les effets du changement climatique en Afrique » qui avait pour but d’interroger « la réalité » du phénomène en changeant d’échelle d’observation et en partant de ses effets avérés, probables ou ressentis aux niveaux local et régional, en essayant de répondre aux questions soulevées par les phénomènes climatiques et leur interprétation. Si l’incertitude prévaut aujourd’hui, elle tient en partie à la complexité des phénomènes climatiques observés et à leur interprétation; il semblerait également qu’on n’ait pas suffisamment souligné l’importance des jeux d’échelles et la nécessité de toujours replacer les questions liées au climat dans le temps, l’espace et les contextes locaux. L’Afrique apparaît bien comme l’une des régions les plus exposées au changement climatique et vulnérables. Trois pistes de réflexions ont été proposées aux auteurs. En premier lieu, la mesure du changement climatique en Afrique mérite quelques clarifications : avec 744 stations météorologiques seulement (contre 3 800 en France métropolitaine) dont les trois-quarts sont hors service ou déclarées non conformes aux normes internationales par l’Organisation Météorologique Mondiale, l’Afrique est l’une des régions du monde la moins bien surveillée par les climatologues et de ce fait, l’une des moins bien connues. Faute de données précises et trop souvent fragmentaires, les climatologues reconnaissent aujourd’hui leur méconnaissance de l’histoire récente du climat africain, méconnaissance au regard de laquelle l’interprétation des phénomènes météorologiques demeure à l’heure actuelle difficile. En effet, à quelle « norme climatique » se réfère-t-on pour parler de « changement climatique » sur le continent et sur quelle période faut-il que celle-ci ait été établie pour repérer des « anomalies » significatives? En d’autres termes, dispose-t-on d’un recul suffisant pour corréler les phénomènes météorologiques récents avec les oscillations climatiques décennales ou séculaires ? En second lieu, la complexité des dynamiques atmosphériques à l’œuvre sur le continent africain impose un questionnement sur la valeur des échelles d’observation retenues dans le temps et l’espace. À quels systèmes climatiques se réfère-t-on dans les modélisations ? Quelles interactions atmosphériques relient les différents domaines climatiques africains ? On a souvent noté sur le continent des phénomènes météorologiques extrêmes à la fréquence et à la périodicité discutées. Réchauffement, sécheresse, phénomènes extrêmes ne sont donc pas toujours aisés à corréler. Ces incertitudes invitent d’ailleurs depuis quelques années à une reformulation du problème. On admet en effet désormais qu’une augmentation des températures moyennes puisse avoir des répercussions multiples et parfois tout à fait inattendues selon les échelles, le relief et les saisons. Les notions de « changement climatique » et de « dérèglement climatique » sont ainsi venues remplacer celle de « réchauffement climatique ». Enfin, la variable humaine semble avoir été trop souvent négligée ou réduite à des approches binaires : soit le facteur anthropique est considéré comme aggravant les phénomènes climatiques par ses interventions sur le milieu (surpâturage, déforestation), soit les sociétés africaines adaptent leurs pratiques aux fluctuations des ressources grâce à leurs techniques et savoirs locaux. Or, l’évolution contemporaine des sociétés africaines (urbanisation accélérée et faiblement maîtrisée, intensification de l’agriculture par l’irrigation et développement des aménagements hydro-agricoles, inégalités croissantes entres agropasteurs et agriculteurs) produit des vulnérabilités souvent combinées et différenciées qui posent non seulement la question de la gestion des crises mais également celle à plus long terme de la résilience. Existe-t-il des préconisations particulières dans ce domaine, quelles stratégies d’adaptation sont développées par les décideurs africains et par les communautés locales ? Celles-ci sont-elles endogènes ou issues de la solidarité internationale (ONG ou agences multilatérales) ? Ainsi, dans quelle mesure le/les changements climatiques sont-ils confirmés, vécus et ressentis par les différents acteurs : citadins, agriculteurs et éleveurs ? Observe-t-on d’ores et déjà des scénarios prospectifs ou opérationnels avec, par exemple, une réorganisation ou un redéploiement des activités et des aménagements qui attesteraient d’une nouvelle « réalité climatique » sur le continent africain ?