Revues - Communication & Organisation
Risques mineurs, changements majeurs - Communication & Organisation 45
ISBN : 978-2-86781-904-9
Nombre de pages : 326
Format : 16 x 24
Date de sortie : 2014/10
L’objectif de ce numéro est d’analyser comment s’opère, sous l’effet des dispositifs d’information et de communication, le couplage entre une culture généralisée du risque et une réorganisation du social, des pratiques et des modes de vie tant individuels que collectifs.
L’objectif de ce numéro est d’analyser comment s’opère, sous l’effet des dispositifs d’information et de communication, le couplage entre une culture généralisée du risque et une réorganisation du social, des pratiques et des modes de vie tant individuels que collectifs. À côté des nombreuses publications consacrées aux risques dits majeurs, nous nous inscrivons ici dans un horizon qui n’est pas celui de la catastrophe mais celui du vécu et du quotidien. Il s’agit de se pencher sur l’ordinaire du changement, lieu souterrain où s’opèrent de puissantes transformations. Consacré à des objets minuscules (telles les nanotechnologies) ou mineurs (l’e-cigarette, le menu de la cantine), explorant les lieux de la quotidienneté (l’école, l’hôpital, la table familiale ou l’entreprise), ce numéro ne se résout pas à la force des choses mais explore la dynamique sociale, humaine et communicationnelle en présence et la puissance de transformation en jeu. Dans le travail de qualification-configuration de la catégorie de risque est en jeu un processus civilisationnel de l’ordre de ce qu’étudiait Norbert Elias dans La Civilisation des Moeurs. La généralisation de la question du risque désormais présent dans tous les interstices de la vie avive la tension entre une idéologie libertaire de la créativité et une idéologie sécuritaire qui anime tous les aspects de la vie quotidienne : consommation de produits et de services, relations aux autres, fonctionnement des organisations, attentes envers les institutions. Une même tension anime l’espace discussionnel fondamentalement polémique du risque, marqué par l’articulation entre le saillant et le lisse, entre les aspérités de crises renouvelées et le lissage des discours préventifs construits à l’intention de destinataires virtuels dont est présupposée la capacité rationnelle et prudentielle. Le risque fonctionne comme un ferment communicationnel, comme un potentiel discussionnel qu’actualisent des groupes nombreux dans un éventail ouvert de thèmes, comme si une relecture complète de notre société pouvait se faire à partir de la catégorie de risque. Le caractère central et ambigu du risque l’installe au coeur de relations renouvelées entre les sphères scientifique, médiatique, politique et sociale. La généralisation du risque installe plus fortement la science en société, convoque scientifiques et experts dans l’espace de la société civile et des médias, la situe aux côtés du politique qui délibère et légifère. La question du risque n’est pas seulement une question technique ou statistique, elle est une question totale qui engage la production de la société elle-même.