Jamaica Kincaid est l’une des voix remarquables de la petite île d’Antigua. Installée aux États-Unis depuis une quarantaine d’années, elle est l’auteur d’une oeuvre protéiforme et originale (romans, nouvelles, essais, chroniques, récits de voyage, ouvrages sur le jardin). Sa production s’inscrit dans l’entre-deux d’un espace littéraire caribéen et d’un imaginaire « mondial ». L’imaginaire de Jamaica Kincaid souhaite éclairer son oeuvre singulière et montrer ce qui, dans son écriture, résiste aux étiquettes trop facilement assignées (récits autobiographiques, Bildungsroman). On a ici choisi de suivre les chemins de traverse et de prêter attention à ce que disent les voix insistantes, faussement insignifiantes, des textes inclassables de Jamaica Kincaid. Par le biais de la notion de reprise et de motifs ordinaires (la marche, le travail de la main, le jardinage, le tricot, l’objet), L’imaginaire de Jamaica Kincaid aborde les discrètes façons dont l’oeuvre figure les tiraillements du soi, la difficulté du rapport au monde, à la famille, à l’histoire et au verbe. L’ oeuvre fait voir le chemin des petites choses, les tracés autres que ceux de la ligne droite (zigzag, diagonales, lignes brisées, courbes) faisant ainsi surgir un fond commun de motifs qui met l’espace de l’oeuvre en résonance critique avec un imaginaire caribéen et mondial.