Les différents systèmes de végétations des dunes de la plaine maritime picarde : originalité, diversité phy

Le massif dunaire de Berck-Merlimont, soulignant la limite septentrionale de la plaine maritime picarde, représente de nos jours un des plus exceptionnels ensembles sédimentaires des côtes européennes, particulièrement représentatif des systèmes de végétations littorales dunaires oligotrophiles nord-atlantiques. Il s’étend jusqu’à près de cinq km à l’intérieur des terres et se compose de deux séries de cordons sableux érigés à des époques différentes, le plus interne culminant à plus de 40 m d’altitude. Ces deux cordons isolent une vaste plaine interdunaire au modelé microtopographique complexe, celle-ci correspondant probablement à un ancien rivage colmaté. Au sein de chacun de ces deux cordons et dans cette plaine, on observe de très nombreuses dépressions plus ou moins longuement inondables, qu’il s’agisse de pannes naturelles creusées par l’érosion éolienne ou de mares et trous d’eau d’origine anthropique (anciennes mares de chasse et trous de bombe). Cette diversité des conditions géomorphologiques, hydrogéologiques et écologiques est à l’origine de la différentiation de plusieurs grands systèmes de végétations parfois très spécialisés, se développant depuis l’estran et l’avant-dune jusqu’à la forêt hygrophile arrière-littorale et aux boisements dunaires xérophiles les plus internes : 1 - Système de la xérosère du cordon externe, depuis les végétations de laisses de mer jusqu’aux pelouses et aux fourrés des arrière-dunes embroussaillées, plus ou moins marqué par les vents et les embruns salés ; 2 - Système de l’hygrosère des pannes et de la plaine interdunaire, celui-ci pouvant se décomposer en sous-systèmes de végétations sur sols minéraux ou sur sols organiques à paratourbeux ; 3 - Système de la mésosère de la plaine dunaire non inondable, mésophile à hygrocline, regroupant notamment des pelouses et des prairies psammophiles littorales naturelles ou semi-naturelles très originales ; 4 - Système de la xérosère du cordon interne, plus perturbée car largement plantée de résineux à une époque (dunes communales notamment). La diversité, l’originalité et la valeur patrimoniale de chacun de ces systèmes de végétations seront présentées et illustrées, leur genèse et leur évolution naturelle ou anthropique constituant la base des réflexions et des orientations de gestion conservatoire expérimentées depuis maintenant près de deux décennies par l’ONF, au sein de la Réserve biologique domaniale de la côte d’Opale.